Ce cours a pour objet d’initier les étudiants à la pensée d’Henri Bergson (1859-1941)
qui est habituellement considérée comme un « hapax » dans l’histoire de la philosophie.
Difficile, en effet, de « classer » sa pensée dans les divers courants philosophiques de son
époque, que ce soit le spiritualisme français (Félix Ravaisson, Jules Lachelier…) ou encore la
phénoménologie française (Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty…). Ce cours consistera
donc en une introduction aux différents thèmes qui structurent sa philosophie et qui ont
bouleversé, par la suite, la philosophie contemporaine. Il s’agira de se focaliser en particulier
sur la notion moderne de « conscience » par le biais notamment de trois approches : sa
perception de la conscience, intimement temporelle, comme « durée pure » dès sa thèse de
doctorat, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), puis sa perception de la
conscience comme « mémoire pure » dans son ouvrage, souvent incompris, Matière et
mémoire (1896), avant enfin d’aborder sa perception de la conscience comme « élan vital »
dans son livre qui lui a fait acquérir, de son vivant, une renommée internationale, L’évolution
créatrice (1907). La philosophie de Bergson se conçoit effectivement, selon ses propres dires,
comme un approfondissement continu d’une même méthode qu’il désigne par l’expression
d’« intuition de la durée pure », initialement dans son article de 1903 « Introduction à la
métaphysique », publié par la suite dans La pensée et le mouvant (1934) : cette méthode
développe la conscience comme « durée », comme « mémoire », comme « élan vital », voire
comme « élan mystique » dans son dernier livre Les Deux sources de la morale et de la
religion (1932). Nous verrons notamment en quoi il y a donc des « métamorphoses de la
durée », pour reprendre une expression du commentateur André Robinet, et
consubstantiellement des métamorphoses de la « conscience ». Nous verrons à ce propos en
quoi par conséquent chacun des titres de ses livres, ainsi que leurs contenus respectifs, ont été
des « défis » jetés, selon l’expression de Georges Davy, aux conceptions traditionnelles, en
particulier scientifiques, de son temps.